OULIPO 2
FRANCOIS CARADEC
FRANCOIS CARADEC
Par où commencerai-je ?
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ?
Ne vois-tu pas que le jour passe ?
Est-ce une vie antérieure qui me poursuit de ses parfums ?
Qui nous guérira de vivre ?
Quelqu’un va-t-il prendre enfin la défense de l’infini ?
Qui es-tu ? Grand Dieu, pourquoi suis-je moi ?
Qu’ès aco ? Quid novi ? Pourquoi warum ?
Est-ce que tu n’en as pas assez d’être une hachure entre les
hachures ?
Est-ce toi grand-père est-ce toi tonton ? Où suis-je ? Quelle
heure est-il ?
Pourquoi rouvrir, à une page quelconque, avec un empressement
blasphématoire, l’in-folio des misères humaines ?
Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi me dites-vous cela ?
Pourquoi pas ?
HAÏKU-KU LA PRALINE
HERVÉ LE TELLIER
Tu es mon petit garçon
Mon petit garçon
WHAT A MAN !
GEORGES PEREC
OH L’OSTROGOTH !
JACQUES
JOUET
CE FÊLE DE MEC
OLIVIER SALON
Smart à falzar
d’alpaga, frac à rabats, brassard à la Franz Hals, Chapka d’astrakan à glands à
la Cranach, bas blancs, gants blancs, grand crachat d’apparat à strass, raglan
afghan à falbalas, Andras MacAdam, mâchant d’agaçants partagas, ayant à dada
l’art d’Allan Ladd, cavala dans la Pampa.
Long short snob, snow-boots, poncho oblong, pompon confort Pontormo,
frony chromo Pollock, khôl, col blond, dos blond, long cordon d’or toc, froc
d’Oxford folklo, Doc’ Job mord son hot dog. Trot prompt, groos modo john Ford.
Trop tôt! Stop chrono!
Sondons nos dos, gnomons don’t on sort! Togo…
Caramba ! clama
Max.- Pas cap ! lança Andras.- Par Allah, t’as pas la baraka ! cracha Max.- Par Satan ! bava Andras.
En Effet, l’été précédent, en Crète, Serge se le
remet en tête.
Greg le Grec (de
Delphes) et Serge l’Helvète ( de Genève) se présentent. D’emblée, Greg se
révèle revêche.
- Défense d’entrer, c’est fermé, décrète le Grec, pète-sec.
- Permets, tempère Serge embêté, je vénère et même révère des gens célèbres
de Crète.
- Respecte le règlement, reprend sèchement Greg.
- Je gêne réellement ? émet Serge, vexé.
- Enlève tes semelles de mes terres, jette Greg, véhément.
- Je reste, et même j’entre, s’entête Serge.
Match pas banal :
Andras MacAdam, campagnard pas bavard, bravant Max Van Zapatta, malabar pas
marrant.
Ca barda. Ca castagna
dans la cagna cracra. Ca balafra. Ca alla mal. Ah la la ! Splatch !
Paf ! Scratch ! Bang ! Crac ! Ramdam astral !
Choc rococo :
Doc’ Job, homio snob, mord Otto von Zorro, gros coq fort…
On mord, on tord, on fond… crocs, polonchons, flocons, plombs, corps,
tronçons, stock d’os bororos, nonos, gros colons, roploplots… Oh pop o po! Pof!
Toc! Plonk! Bof! Tchoc! Cosmos tors.
- Je t’emmerde !- Vénère !
- Ha ! Ha ! Cas flagrant d’asthma sagrada ! Ca va à part
ça ?- Bâtard vachard ! Castrat à la flan ! râla Andras, blafard.
Ho, mollo! (Doc’ Job’s solo pro domo).
Non-stop, Otto pond
son ton grognon:
Dors, dors donc,
pronto! Photo, mon coco ?
Pff… Gros con !
Gogo ! sort Doc’ Job, mol.
Leste, Greg prend le
revers de veste de Serge et tente de l’éjecter. Les bretelles cèdent. Serge
rentre le ventre et serre les fesses. De ses dents, ce fêlé de Greg perce les
lèvres et le nez de Serge.
- Descend en enfer, tempête Serge excédé, les lèvres enflées.- Reste et végète en géhenne, bêle Greg.Le grec perd les nerfs et tente d’étêter Serge.
- Serpent délétère !- Ver de terre en germe !- Chèvre dégénérée !- Chevêche échevelée !- Clebs en déshérence !- Crevette desséchée !
- Teckel breveté !- Bête entre les bêtes !- Tempête terrestre.
Bang !
Bang ! Andras MacAdams cracha sa valda.Max l’attrapa dans l’baba, flancha, flagada, hagard,
raplapla.Par Achab, Maharajah d’Al-Kantara, va à
Barrabas ! scanda Andras.Alas, halas ! ahana Max, clamçant.
Pop! Pop! Doc’ Job
sort son bonbon. Otto tord son corps, son torchon. Bobo, gros bobo… Mort.Ô, Booz! Go to Toronto! Sort Doc’ Job.
So long, so long! Sort Otto…
mort.
Greg le pervers jette
des pêches, des vertes et des blettes.
Serge serre très fermement, presse extrêmement les
tempes de Greg.
Cette défense est sensée, et Greg perd lentement ses
repères.
Les membres enchevêtrés, Greg est renversé
pêle-mêle.
En détresse, le blessé reprend :
Esthète éméché,
j’espère te démembrer et t’édenter, te défenestrer, t’éventrer, te crever et
perdre tes cendres.
Expert éthéré, j’entends
te décérébrer, t’étêter, te pendre et t’enterrer.
Je t’exècre, excrément
d’exégète !
Je te déteste, déchet
écervelé de Crète !
Redescend vers Genève,
détergent fermenté !
Espèce de Prévert en
gelée !
Blême, Greg tente de se redresser.
Désespéré, le grec ne
cesse de trembler, s’étend, desserre lentement les lèvres, émet entre ses
dents :
« Espèce de Revenent
déréglé de chez Perec »
et décède prestement.
HERVE LE TELLIER
Que Simplon soit Parmentier
Que Ta Volontaires
soit Place des Fêtes
Que Ton Rennes Arrive
Sur Voltaire comme
Courcelles
Donne-nous Galliéni
notre Havre-Caumartin
Et ne nous soumets pas
à la Convention
Cambronne-nous nos
défenses
Comme nous Odéons à
ceux qui nous ont Maraîchers
Délivre-nous des
Halles.
Miromesnil.
HERVÉ LE TELLIER
JOCONDE JUSQU’À 100
HERVÉ LE TELLIER
Le point de
vue de Zazie :
- J’en sais rien, moi, pourquoi, dit Gabriel. Tu peux pas admirer
tranquillement comme tout le monde ?
- La Joconde, moi, je m’en tamponne le coquillard, c’que je voulais, c’était
prendre le métro.
- Le métro, le métro, arrête un peu avec ton métro, on t’a dit qu’il est
grève. Et puis c’est pas dans le métro que tu verras un joyau de l’art gothique
comme la Joconde.
- Joconde, mon cul.
- Bon mon cochon, dit Charles, elle a de la conversation, ta nièce.
Le point de vue du médecin :
Carbosylane : une fois par jour.
Anorex : Une gélule matin et soir pendant
quinze jours.
- …
- h, très bien… À demain, alors.
- …
- Oui, Maître, demain, j’essaierai de sourire.
Je répète :
« Mona Lisa n’a pas envie de rire… »
La Joconde et la Vierge à l’Enfant
La Joconde, ayant posé tout l’été,
Se trouva fort dépourvue
Lorsque la crise du marché de l’art fut venue.
Pas la moindre séance de pose
Aux Beaux-Arts ou même des photos.
Elle alla crier famine
Chez la Vierge à l’Enfant sa voisine.
La priant de lui prêter
Quelque pain pour subsister
Jusqu’à la saison nouvelle.
Je vous paierai, lui dit-elle,
Avant l’Out, foi de modèle,
Intérêt et principal.
La Vierge à l’enfant n’est pas prêteuse.
C’est là son moindre défaut.
- Que faisiez-vous au temps chaud ?
Dit-elle à cette emprunteuse.
- Je posais, ne vous déplaise.
- Vous posiez ?
J’en suis fort aise.
Et bien, peignez maintenant.
Le
point de vue de l’avocat :
Mesdames, messieurs les jurés, Mona Lisa n’a que
trop souffert de cette longue préventive. C’est pourquoi je vous demande
d’acquitter la Joconde.
Le
point de vue de Georges Perec :
Je me souviens que la Joconde est une huile sur
bois, et non une huile sur toile.
Je me souviens que, selon le peintre Henri Cueco, le
tableau de Courbet, L’Origine du Monde,
qui représente un sexe de femme, est la partie inférieure d’un diptyque dont le
haut est la Joconde.
Je me souviens que Marcel Duchamp a dessiné des
moustaches et un bouc à la Joconde, avant d’écrire en dessous, en toutes
lettres, L.H.O.O.Q.
Je me souviens d’un poster qui représentait Mona
Lisa en train de fumer un joint.
Je me souviens de « Mona Lisa Klaxon au
téléphone », de Jacques Higelin.
Je me souviens que Marina Vlady est le sosie de Mona
Lisa dans le film de Michel Deville, On a
volé la Joconde.
Je me souviens que, comme disait Pierre Dac,
« c’est en sciant que léonard devint scie »
Je me souviens que dans Je me souviens, de Georges Perec, il n’est jamais fait allusion à la Joconde.
Le
point de vue de jules César :
*Je suis venu,
j’ai vu la Joconde.
- Calme-toi, Riton, tu te fais du mal.
- Tiens, si c’était pas la gonzesse à Léo, c’est en plusieurs colis que je
te la réexpédierais à Florence et à ses Gondoles.
- Fais zexcuse, Riton, mais sans vouloir te vexer, ya gourance, les
gondoles, c’est Venise, pas Florence.
- Oh, mai c’est que je vais me le décalquer aussi, le petit singe savant.
- Cond, My name is Cond. Joe Cond.
Le point de vue des tontons flingueurs 2 :
- Ah faut reconnaître, c’est du brutal.
- J’y trouve une touche d’ocre.
- Y’en a.
- Tu sais pas c’qu’y m’rappelle ? cette espèce de diptyque qu’on
voyait dans un musée de Bien-hoâ, pas loin de Saigon. Et l’artiste, déjà,
comment qu’y s’appelait, nom de Dieu !
- Le Titien.
- T’as connu ?
(Entre une jeune fille, qui
s’approche du tableau)
- Touche pas au châssis, salope !!
(Effrayée, la jeune fille sort de la
salle)
- D’la peinture à cet âge-là !
- Il avait son secret, Léo. 50 kg de modèle, un bois verni, et il te
sortait un chef-d’œuvre trois étoiles au pinceau. Et c’est pour ça que je me
permets d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoire qu’y feraient mieux
de fermer leur gueule.
- Z’avez beau dire… Y’a pas seulement de l’ocre. Y’a autre chose. Ce serait
pas des fois de la terre de sienne ?
- Y’en a aussi.
- Faut quand même admettre que c’est plutôt un tableau d’homme.
L'AUTRE SONNET
PAUL FOURNEL
Sonnet
homophonique CHŒUR : SONNET, PETIT SONNET
Sonnet pas important
Sonnet pas grand-chose
Sonnet pas rien
Sonnet pas sérieux
Sonnet pas nécessaire
Sonnet pas l’heure
Sonnet pas bien méchant
Sonnet pas la mère à boire
Sonnet pas lui
Sonnet pas moi
Sonnet l’autre
LES BREBEATLES
HERVE LE TELLIER
Dans le zoo de
Liverpool,
entre Abbey road et Penny Lane,
MATILDE ET CLOTILDE CHANTENT
on peut admirer la
laine
de quatre ovins dans
le vent.
Ce sont les
brebeatles,
CHŒUR : yeah,
yeah, yeah.
Les brebeatles ont les
poils longs,
et bêlent de jolies
chansons :
CHŒUR : (sur l’air de Imagine)« Imagine
qu’il n’y ait pas d’enclos,
pas de gardien, et pas
de zoo »,
et avec eux, les
animaux font
CHŒUR :
« Obladi » et « Oblada ».
Les brebeatles mangent
tant d’herbe
qu’ils croient parfois
voir dans le ciel
Lassie avec des
diamants.
(LE CHŒUR CHANTE LASSIE IN TEHE SKY WITH DIAMONDS
Ce sont les
brebeatles,
CHŒUR :yeah, yeah, yeah.
IL PLEUT (pièce logique)
JACQUES ROUBAUD
Je crois qu’il pleut, mais il ne pleut pas.
Tu crois qu’il pleut et tu affirmes qu’il ne pleut
pas ?
Oui.
Je crois qu’il pleut mais je sais que je me trompe.
Comment le sais-tu ?
Là n’est pas la question. La question est : je
crois qu’il pleut,
Mais j’ai tort.
Qui dit que tu as tort ?
Moi.
Mais si tu as tort de croire qu’il pleut,
Si tu sais que tu as tort de croire qu’il pleut
Comment peux-tu croire qu’il pleut ?
Répondez sincèrement.
Il pleut ?
CHŒUR : Non.
Vous voyez !
Je vois qu’il ne pleut pas.
Mais je ne vois pas comment tu peux dire que tu
crois qu’il pleut
Et comment tu peux dire en même temps que cette
croyance est erronée.
Mathilde : Je ne peux pas le croire.
CHŒUR : Bien.
Si je crois que je crois ce que je crois, je le
crois.
CHŒUR : Bien.
Personne ne crois que et en même temps que ne pas.
Que quoi ? Que ne pas quoi ?
N’importe quoi : qu’il pleut, par exemple. Bon.
Si je crois que je crois à tort qu’il pleut,
Autrement dit si je crois qu’il pleut bien que ce ne soit pas le cas,
Il s’ensuit que je crois que je crois qu’il pleut
Et il s’ensuit alors que je crois simultanément qu’il pleut
Et qu’il ne pleut
Pas. Mais puisque personne n’a jamais cru en même temps qu’ il pleuvait
et qu’il ne pleuvait pas, il est impossible que je croie que je croie que je
crois qu’il pleut
Tout en sachant qu’il ne pleut pas.
CHŒUR : En effet.
Et pourtant je le crois.
FRANCOIS CARADEC
dans un cabriolet de la rougeur du bain,
dans le cachalot de la roulure du baigneur,
dans le cache sexe de la roussette du bagnard,
dans la cacique de la routine du bafouillage,
dans le cadeau de la royauté du badaud,
dans le cadre de la rubrique du bacille,
dans un petit café de la rue du Bac
Il portait, je le revoit encore,
sur le tentacule une vaccination,
sur la tératologie une vacuité,
sur la terminaison une vaginite,
sur la terrasse une vaguelette,
sur la terrine une vaillance,
sur la tessiture une valériane,
bref, il portait sur la tête une valise.
Elle était vide.
- C’était, me dit-il, pour se mettre
à l’accessoire de la poignée,
à l’accélérateur de la poésie,
à l’académie de la podologie,
à l’abstinence de la pochade,
à l’absolutisme de la pluviosité,
à l’abscisse de la pluralité,
c’était pour se mettre à l’abri de la pluie.
Quand il ne pleut plus, nous sortîmes
du bleu,
du bled,
du blason,
du blanc,
du bla-bla,
du bitume,
du bistot,
et je le vis partir avec
sa vasodilatation sur le thermos,
sa variole sur la thérapie,
sa varape sur la théocratie,
sa vantardise sur la texture,
sa valvule sur la tétralogie,
(…)
sa valise sur la tête
en disquette de la stimulation du micron,
en dispense de la stérilité du microclimat,
en disjonction de la steppe du micmac,
en discrétion de la sténodactylo du miasme,
en discorde de la stéarine du meurtre,
en disciple de la statue du meuble,
en direction de la station du métro.
Pour moi,
cette justesse-là était discobole,
ce juron était dirigeable,
ce jurançon était direct,
cette jujube était diphtongue,
ce judo était dingue,
cette jouvence était dindon,
pour moi,
ce jour-là était dimanche.
À supposer qu’on me demande ici d’occuper un espace réservé, - petit, suffisant – au moyen de quelques lignes et d’une idée derrière la tête, pour ne pas dire une pensée, qui aurait quelque chose à voir avec une activité toute de violence et de délicatesse contre la paresseuse et violente nature, activité dite en langue française « la lecture », je choisirais de ne pas entonner une quelconque déploration sur ce qui serait sa prétendue perte de vitesse et surtout de n’en pas chanter le moins du monde l’éloge autrement qu’en tentant de développer, en amont du moment où tes yeux la parcourent, une bonne phrase, constructible, construite et constructive, une seule phrase bien méandreuse, anastomosée, futile, dont la seule gloire ambitionnée serait de parvenir à ressembler, comme deux gouttes d’eau qui se ressemblent, à un corps intègre autant que traversé, sûr de lui-même autant que visité, non défensif, c’est-à-dire le contraire du hérisson des départementales qui ne connaîtra jamais de la roue que le côté le pire, et qui finira par s’imposer notamment par son rythme sans pareil qui ne sera définissable qu’en référence à un autre À supposer….
MÉLODIE EN SOUS SOL
IAN MONK
au septième un cadre dynamique si sûr de lui
au sixième un bricoleur qui commence à s’agiter
au premier un monsieur tout seul regarde la
télévision
au cinquième un vieux couple qui s’emmerde grave
au deuxième y’a plus personne sauf la poussière
au quatrième une bande de jeunes commencent à
décoller
au troisième une jeune maman couche ses trois
enfants
au troisième elle chante une berceuse eux gueulent
encore
au quatrième
on ouvre enfin le pack de kro
au septième la dynamique épaule gauche commence à
picoter
au deuxième la poussière s’accumule sur les murs
au cinquième le mari traite sa femme de connasse
au sixième le bricoleur commence à planter les clous
au premier la télévision passe une musique de fesses
au troisième elle murmure doucement le petit
s’enrage
au sixième le bricoleur continue à planter des clous
au cinquième la femme traite son mari d’enculé
au quatrième on met un tube de Public Enemy
au rez-de-chaussée on écoute une messe radiophonique
au septième il met un disque de relaxation
transcendantale
au deuxième la poussière chatouille les narines des
fantômes
au premier la télévision passe un claquement de
fesses
au septième son épaule commence à creuser sa
poitrine
au troisième elle murmure moins doucement le grand
gueule
au sixième le bricoleur cloue cloue et cloue
au quatrième on remet un disque de Public Enemy
au cinquième le mari exige que la salope suce
au cinquième la salope l’envoie branler la bite
au deuxième atchoum
les fantômes éternuent un bon coup
au quatrième on enlève le disque de Public Enemy
au septième son cœur s’emballe la musique stagne
au sixième les clous les clous les clous les
au troisième celui du milieu geint la mère pleure
au cinquième l’enculé sort sa perceuse et perce
au troisième les trois maintenant gueulent comme
putes pourries
au deuxième ratchoum
les mouches elles aussi éternuent fort
au sixième le bricoleur arrête et cogne par terre
au septième son cœur cogne maintenant entre ses
orteils
au premier la télévision secoue la chair des fesses
au quatrième on danse chimiquement sur le Chemical
Brothers
au quatrième entre morceaux on entend gens qui
braillent
au premier l télévision montre les boutons des
fesses
au cinquième la salope sort son moulin et mouline
au septième il entend ses tripes qui montent et
au troisième elle commence à s’énerver mais grave
au deuxième les mouches redescendent sur leur pique-nique
au sixième le bricoleur va chercher sa perceuse
aussi
au sixième il perce pour faire chier lui aussi
au quatrième on remet Public Enemy encore plus fort
au deuxième la poussière redescend swoosh sur les mouches
au premier la télévision déclenche les boutons des
fesses
au troisième elle crie ça suffit maintenant ça
suffit
au cinquième on perce et on mouline encore encore
au septième le cœur réverbère dans l’appart entier
au septième Étienne Charon meurt d’une crise
cardiaque
au sixième Jean Louis Duparc perce un cable
électrique
au cinquième Pierrette et Albert font lit à part
au quatrième Jean Virginie Claude resniffent de la
colle
au troisième Caroline passe à l’acte et cogne
au deuxième Madame Dussolier régale encore mouches
et asticots
au premier Claude Martin jouit dans des fesses imaginaires.
ROMAN 1