OULIPO
1
QU’EST-CE
QUE L’OULIPO
JACQUES ROUBAUD & MARCEL BÉNABOU
OULIPO ?
Qu’est ceci ? Qu’est cela ?
Qu’est-ce
que OU ? Qu’est-ce que LI ? Qu’est-ce que PO ?
OU
c’est
OUVROIR un atelier.
Pour
fabriquer quoi ? de la LI.
LI c’est la littérature, ce
qu’on
lit et ce qu’on rature.
Quelle
sorte de LI ? La LIPO. PO signifie
potentielle. De la littérature en quantité illimitée,
potentiellement productible jusqu’à la fin des temps, en quantité
énorme,
infinies, pour toutes fins pratiques.
QUI ?
Autrement dit, qui est responsable de cette entreprise
insensée ? Raymond
Queneau, dit RQ, un des pères
fondateurs, et François Le Lionnais, dit FLL,
co-père et compère fondateur, et premier président du groupe, son
Fraisident-Pondateur.
Que
font les OULIPIENS, les membres de
l’ OULIPO (mathématiciens et
littérateurs, littérateurs-mathématiciens et
mathématiciens-littérateurs) ?
Ils
travaillent.
Certes,
mais à QUOI?
A
faire avancer la LIPO.
Certes,
mais COMMENT ?
En
inventant des contraintes. Des contraintes nouvelles et anciennes,
difficiles
et moins diffficiles et trop diiffiiciiiles.
La Littérature Oumipienne est une LITTÉRATURE
SOUS CONTRAINTES.
Et
un AUTEUR oulipien,
c’est quoi ?
C’est
« un rat qui construit lui-m^me le labyrinthe dont il se
propose de
sortir ».
Un
labyrinthe de quoi ?
De
mots, de sons, de phrases, de paragraphes, de chapitres, de livres, de
bibliothèques, de chapitres, de livres, de bibliothèques, de prose, de
poésie,
et tout ça, et tout ça, et tout ça…
RAYMOND
QUENEAU
1
- Le groupe de
l’Oulipo n’est pas un groupe fermé. Il s’étend par cooptation à de
nouveaux
membres.
2
- Nul ne peut être
exclu de l’Oulipo.
3
- En contrepartie
(on n’a rien sans rien) nul ne peut démissionner de l’Oulipo, ni cesser
d’en
faire partie.
4
- Il s’ensuit que
quiconque a été membre de l’Oulipo le reste. Cela implique en
particulier que
les morts font toujours partie de l’Oulipo.
5 - Pour corriger ce que la dernière règle a de trop contraignant, une exception a été prévue. On peut cesser de faire partie de l’Oulipo dans les conditions suivantes : en se suicidant, mais devant huissier, qui constatera que le suicide de l’Oulipien considéré est, selon ses dernières volontés explicites, destiné à lui faire quitter l’Oulipo et à retrouver sa liberté de manœuvre pendant le reste de l’éternité. Cet énoncé des règles montre un exemple du raisonnement oulipien, en effet la règle 5 est inapplicable. En effet, l’huissier serait accusé de non-assistance à personne en danger s’il acceptait de constater un suicide.
JACQUES ROUBAUD
Tu me demanderas peut-être
comment, n’ayant pas encore reçu ta prochaine lettre, je peux savoir
que tu m’y
demandes si j’ai bien reçu ta dernière lettre et si j’ai l’intention
d’y
répondre.
Toutes tes lettres, et celle-ci
sera la trois cent dix-septième (je les ai toutes, ainsi que les
doubles de
toutes mes lettres) commençant par :
« As-tu reçu ma dernière
lettre ? Si oui, je serais fort étonné que tu ne l’aies pas
reçue encore
(si c’était le cas, fais-le moi savoir), as-tu l’intention d’y
répondre ? »
C’est
ainsi que commençait la deuxième, la troisième, et ainsi de suite
jusqu’à ta
dernière lettre, la trois cent seizième.
Je me considère en conséquence
autorisé comme si je l’avais dès maintenant reçue.
« Je viens de recevoir ta
dernière lettre et j’y réponds immédiatement. Tu me demandes si j’ai
bien reçu
ta dernière lettre et si j’ai l’intention d’y répondre. Je me permets
de te
faire remarquer que l’envoi de ta dernière lettre fait que la lettre
que tu
m’as envoyée précédemment n’est plus ta dernière lettre et que si je
réponds
comme je suis en train de le faire à ta dernière lettre, je ne réponds
pas à
celle qui est maintenant ton avant-dernière lettre.
Je ne peux donc satisfaire à la
demande que tu me fais dans ta dernière lettre.
J’observerai par ailleurs que ta
dernière lettre ne répond pas, contrairement à ce que tu affirmes (je
te
cite : « J’ai bien reçu ta dernière lettre et j’y
réponds
immédiatement ») à la lettre où je te demande, si je ne
m’abuse (mais je
ne m’abuse pas, j’ai les doubles) si tu avais bien reçu ma dernière
lettre et
si tu avais l’intention d’y répondre.
En l’absence d’éclaircissements et de réponses de ta part sur ces deux points auxquels j’attache (à bon droit je pense) une certaine importance, je me verrai, à mon regret, obligé d’interrompre notre correspondance. »
LETTRE 3
Je viens de lire ta première
lettre : elle date du 23 novembre 1960.
Tu m’as donc écrit, en moyenne,
depuis cette date, une lettre toutes les six semaines deux tiers – il
n’y a
jamais eu d’intervalle de moins de six semaines et de plus de sept
entre deux
de tes lettres – et quelque chose m’a frappé :
Tu m’écrivais je te le rappelle,
au cas où tu l’aurais oublié :
« As-tu reçu ma dernière
lettre ? Si oui (et je serais fort étonné que tu ne l’aies pas
reçue
encore (si c’était le cas, fais-le moi savoir), as-tu l’intention d’y
répondre ? »
Or, je n’ai aucune trace dans
mes archives, où je conserve de manière systématique et absolue toutes
les
lettres que je reçois et des doubles de celles de toutes celles que
j’envoie,
je n’ai aucune trace, dis-je, d’une lettre de toi antérieure à celle du
23
novembre 1960, dont je viens de te rappeler la première phrase.
Ni d’ailleurs, ce qui est au
moins aussi troublant, de cette lettre de moi à laquelle tu fais
allusion au
milieu de ta lettre de 23 novembre 1960 qui, dans mes archives, porte,
de ma
main, inscrit en haut à gauche du quart de feuille 21X27, format dont
tu ne
t’es jamais départi pendant toutes ces années, au crayon, le numéro 1.
Pourtant, je me souviens on ne
peut plus clairement de l’arrivée de ta lettre du 23 novembre 1960. Je
venais
de rentrer chez moi après une réunion de travail avec des amis.
L’écriture
m’était inconnue, ainsi que la signature, Q.B. Je ne connais toujours
pas,
après quarante ans, autre chose de ton nom que tes initiales.
Je t’ai
répondu immédiatement, et notre
correspondance, quarante ans plus tard, dure encore.
Comme tu me dis, dans cette même
lettre, celle du 23 novembre 1960, que tu conserves dans tes archives
de toutes
les lettres que tu envoies comme de toutes celles que tu reçois
(information
que tu ne manques pas de répéter, je le remarque en relisant notre
correspondance dans toutes, je dis bien toutes tes lettres) tu as
certainement
conservé le double de celle dont tu parles au commencement de la lettre
dub 23
novembre 1960.
Tu pourras donc éclaircir aisément ce petit mystère.
LA
DICTÉE
JACQUES JOUET
Vous savez que toujours vous,
comme d’ailleurs toujours et comme
d’ailleurs d’ailleurs finit sur la
lettre commençant
savez, savez-vous que savez
finit sur celle par où zèbre
commence ? Si vous ne le
savez, savez-vous que commence,
tout
comme commençant et comme comme même redouble bien la lettre où
commence ce même ?
Savez-vous
qu’en d’ailleurs, on redouble la
lettre
qui commence la et qui commence lettre (celle qu’encore on redouble en celle), qu’en aussi
se redouble celle qui commence se ?
Non ? Vous ne savez
pas ? Mais vous ne savez rien ?
Sachez donc que sachez
finit comme savez, que la lettre
qui finit finit
souvent aussi finit, finit encore commençant
et toujours se redouble en plein milieu de lettre,
quand rien ne se gémine en gémine ou milieu et qu’on n’a jamais rien
redoublé dans redouble !
Vous par contre risquez de
redoubler souvent si vous ne savez pas que risquez
finit par où zébu commence, que zèbre, zébu
et même n’on pas sur
l’e le même accent, mot lui-même
dans
lequel on redouble la lettre qui finit donc,
quand celle encore qui commence donc
m’a tout l’air de finir quand.
Oui, l’exercice est infini, même
désespérant, puisque infini ne
finit
même pas sur le graphème qui finit finit,
finit encore le mot mot, ainsi que
le
mot accent et que le mot désespérant.
Pardon, ai-je dicté graphème ?
ah, vous ferez une
faute, à moins que vous sachiez la graphie de ce –phème,
qui n’est pas celle du –fe
de faute. Non ? FRANCOIS
CARADEC
Ous
ne le
savez pas ?... Et que mais,
comme jamais, finit comme toujours ?... Et pas
et moins et
dans comme jamais,
toujours ? Non ? Mais
est-ce que vous savez quelque chose ?
Et non ? Est-ce que vous savez que non finit et commence par ce qui finit rien, parce qui bien ?
DE
LA DIFFICULTÉ QU’IL Y A À IMAGINER UNE CITÉ IDÉALE
GEORGES PEREC
ACRUNS
INSULTANTS
FRANCOIS
CARADEC
Abruti
de naissance et par
hérédité
Ballot
qu’on n’ira pas
chercher au bout du quai
Con
comme une valise et le
balai des chiottes
Dégueulasse
flicard et
suppôt des R.G.
Enfoiré
débectant les plus
gras saligauds
Foutre
de nom de dieu de
petit con merdeux
Gâteux
qui a perdu le sens
de la mesure
Humble
petit crétin produit
par deux idiots
Imbécile
ahuri par ta propre
bêtise
Jocrisse
bégayant des
insultes bien molles
Kroumir
sentant le pet l’ail
et le patchouli
Lamentable
minus
excessivement con
Merdeux
se dépassant en
grimpant à l’échelle
Nullité
s’efforçant d’égaler
le zéro.
Opulente
fripouille aux
réflexions obscènes
Pénible
grenouilleur escroc
de bas étage
Quintuple
trou du cul
cueilli dans la poubelle
Ringard
comme un vieux pet
et fier comme un morpion
Stupide
mollasson marchand
sur ses roustons
Tête
de nœud salingue et
porteuse de bran
Ultime
gradation de
dégénérescence
Vil
rat noir essayant de
prendre le métro
W-
C brenneux chantant un
air de cul
Xylophage
broutant la
rondelle des chiottes
Yéti
au crâne étroit comme
celui du Pape
Zoïle qui attend le renvoi d’ascenseur
POÈME
DE MÉTRO
JACQUES
JOUET
J’écris,
de temps à autre, des poèmes de métro.
Ce
poème
en est un.
Voulez
vous savoir ce qu’est un poème de métro ?
Un
poème
de métro est un poème composé dans le métro, pendant le temps d’un
parcours.
Un
poème
de métro compte autant de vers que votre voyage compte de stations,
moins un.
Le
premier vers est composé dans votre tête entre les deux premières
stations de
votre voyage (en comptant la station de départ).
Il
est
transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station deux.
Le
deuxième vers est composé dans votre tête entre les stations deux et
trois de
votre voyage.
Il
est
transcrit sur le papier quand la rame s’arrête à la station trois.
Et
ainsi
de suite.
Il
ne faut
pas composer quand la rame est en marche.
Il
ne
faut pas transcrire quand la rame est arrêtée.
Le
dernier vers du poème est transcrit sur le quai de votre dernière
station.
Si
votre
voyage impose un ou plusieurs changements de ligne, le poème comporte
deux
strophes, ou davantage.
Si par malchance la rame s’arrête entre deux stations, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de métro.
POÈME
DE BOULOT
OLIVIER
SALON
J’écris,
de temps à autre, des poèmes de boulot.
Ce
poème
en est un.
Voulez
vous savoir ce qu’est un poème de boulot ?
Un
poème
de boulot est un poème composé au boulot, pendant le temps d’une
journée de
travail.
Un
poème
de boulot compte autant de vers que d’irruptions de votre supérieur
hiérarchique dans votre bureau moins une.
Le
premier vers est composé dans votre tête entre les deux premières
irruptions de
votre chef dans votre bureau.
Il
est
transcrit sur le papier en présence de votre chef hiérarchique pendant
qu’il
vous donne des instructions.
Le
deuxième vers est composé dans votre tête entre les irruptions deux et
trois de
votre supérieur dans votre bureau.
Il
est
transcrit sur le papier quand votre supérieur fait de nouveau irruption, etc.
Il
ne
faut pas transcrire entre deux irruptions.
Il
ne
faut pas composer quand votre supérieur est dans votre bureau.
Si
votre
supérieur hiérarchique vous convoque dans son bureau, n’oubliez pas
votre
calepin afin de transcrire devant lui.
Si
vous
croisez votre supérieur hiérarchique dans un couloir et que vous n’avez
pas
votre calepin, vous devrez feindre de ne pas l’avoir vu.
Si
malgré
cela votre supérieur hiérarchique et vous oblige à vous arrêter, il y a
de
fortes chances qu’il soit lui-même en train de composer un poème de
boulot de
supérieur hiérarchique.
Si
deux
ou plusieurs supérieurs hiérarchiques sont amenés à faire irruption
dans votre
bureau, le poème compte deux strophes, ou davantage.
Le
dernier vers ne doit jamais être composé après 17 heures.
Si par malchance votre supérieur hiérarchique vous impose des heures supplémentaires, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de boulot.
POÈME
DE DODO
OLIVIER
SALON
J’écris
de temps à autre des poèmes de dodo.
Un
poème
de dodo est un poème composé dans votre lit, pendant le temps d’une
nuit,
agitée de préférence.
Un
poème
de dodo compte autant de vers que votre nuit compte de rêves.
Le
premier vers est composé dans votre tête pendant le premier rêve de
votre nuit.
Le
deuxième vers est composé dans votre tête pendant le deuxième rêve de
votre
nuit.
Le
troisième vers est composé dans votre tête pendant le troisième rêve de
votre
nuit.
Le
quatrième vers est composé dans votre tête pendant le quatrième rêve de
votre
nuit.
Le
cinquième vers est composé dans votre tête pendant le cinquième rêve de
votre
nuit.
Le
sixième
vers est composé dans votre tête pendant le sixième rêve de votre nuit.
Le
septième vers est composé dans votre tête pendant le septième rêve de
votre
nuit.
Le
huitième vers est composé dans votre tête pendant le huitième rêve de
votre
nuit.
Le
neuvième
vers est composé dans votre tête pendant le neuvième rêve de votre nuit.
Le
dixième vers est composé dans votre tête pendant le dixième rêve de
votre nuit.
Le
onzième vers !
Le
douzième vers !
Le
treizième vers !
Le
quatorzième vers !
Il
ne
faut pas composer en dehors des rêves.
Si
lors
d’un rêve vous rêvez que vous prenez le métro, vous devrez dans ce rêve
écrire
un poème de métro, et le transcrire tel quel à l’intérieur du poème de
dodo.
Si
lors
d’un rêve vous rêvez que vous prenez le métro, qu’assis dans la rame
vous vous
êtes assoupi et que vous rêvez de votre boulot, alors vous devez dans
le rêve
du rêve écrire un poème de boulot, et l’inclure comme simple vers à
l’intérieur
du poème de métro que vous auriez dû écrire pendant le premier rêve.
Si par malchance vous vous endormez définitivement durant la nuit, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de dodo.
IAN
MONK
J’écris
de temps à autre des poèmes de bistro.
Ce
poème
en est un.
Voulez
vous savoir ce qu’est un poème de bistro ?
Un
poème
de bistro est un poème composé dans un bistro, pendant le temps d’une
beuverie.
Un
poème
de bistrot compte autant de vers que votre beuverie compte de verres,
moins un.
Le
premier vers est composé dans votre tête entre les deux premiers verres
de
votre beuverie, en comptant le verre de départ.
Il
est
transcrit sur le papier quand le coude redémarre au verre deux.
Le
deuxième vers est composé dans votre tête entre les verres deux et
trois de
votre beuverie.
Il
est
transcrit sur le papier quand le coude redémarre au verre trois.
Et
ainsi
de suite.
Il
ne
faut pas composer quand le coude est en marche.
Il
ne
faut pas transcrire quand le coude est arrêté.
Si
votre
beuverie impose la visite de plusieurs établissements, le poème
comporte deux
strophes, ou davantage.
Le
dernier vers du poème est transcrit sur le banc de police.
Si par malchance le verre se renverse sur le poème, c’est toujours un moment délicat de l’écriture d’un poème de bistrot.
PAUL
FOURNEL
Suite
à des problèmes survenus au marbre, la nouvelle intitulée « La
Jeune
Fille » que nous avons publiée dans notre dernier numéro
comporte quelques
erreurs dont vous voudrez bien nous excuser.
Page
1 ligne 4 : lire Robert au
lieu de Norbert.
Page
2 ligne 8 : Mimi au lieu
de Sissi
Page
2 ligne 12 : retors au
lieu de retour
Page
4 ligne 1 : Robert au lieu
de Norbert
Page
5 ligne 2 : Plutôt que Elle le
rencontra au bal, lire Elle le
rencontra au bar
Page
6 ligne 8 : Robert au lieu
de Norbert.
Page
8 ligne 3 : au lieu de Louis se
pencha sur elle et plongea dans le
bleu de ses yeux, lire
Louis se pencha sur elle et
plongea ses
doigts dans ses yeux.
Page
8 ligne 7 : Module au lieu
de Modèle
Page
11 ligne 11 : Robert au
lieu de Norbert
Page
12 ligne 14 : au lieu de Elle prit
un malaise ce qui n’arrangea pas
ses problèmes familiaux, lire Elle
prit un balèze ce qui n’arrangea pas ses problèmes familiaux.
Page
15 ligne 3 : lire cache au
lieu de cache.
Page
16 ligne 3 : Robert au
lieu de Norbert
Page
18 ligne 7 : au lieu de Le geste de
Louis lui toucha le cœur,
lire D’un geste, Louis lui toucha le
corps.
Page
20 ligne 9 : Robert au
lieu de Norbert.
Page
20 ligne 11 : calme au
lieu de clame.
Enfin page 21, la toute dernière phrase du texte n’est pas : Bouleversé du bonheur d’avoir dit oui dans la cathédrale, il leva les yeux vers Dieu et se frappa deux fois le cœur, mais, Bouleversé de fureur d’avoir vu Louis dans la cathédrale, il bascula son prie-Dieu et le frappa deux fois au cœur. Mais là, le lecteur aura rectifié de lui-même.
HERVÉ
LE TELLIER
A quoi tu
penses ?
Je
pense que j’ai du mal à m’empêcher de bailler
si quelqu’un baille en face de moi.
Je
pense que les poissons ne savent pas quand
c’est vendredi.
Je
pense que la mouche qui barbote dans votre
verre et qu’on sauve de la noyade ne vous dit jamais merci, la garce.
Je
pense que personne ne s’étonne de la présence
de monologues au théâtre, alors qu’il n’y a tout de même que les
dingues qui
parlent tout seuls
Je
pense que dans les films de cape et d’épée,
lorsqu’une scène se déroule dans les bois, le gentil peut se mettre sur
n’importe quelle branche d’arbre, le méchant à cheval passe toujours en
dessous.
Je
pense que si je pouvais abandonner mon ancien
corps et me transférer dans un corps neuf, j’aurais malgré tout peur de
mourir
coincé dans l’ancien, cependant que mon double, usurpateur et parfait,
envahirait le nouveau.
Je
pense que les moules ont l’air d’être
habillées pour se rendre aux enterrements des huîtres.
Je
pense que si quand un avion s’écrase, tout
est détruit sauf la boîte noire, on ferait mieux de voyager en boîte
noire.
Je
pense que contrairement à Gina Lollobrigida
dans Notre-Dame de Paris, la vraie
Esméralda avait forcément du poil aux pates.
Je
pense que si j’étais guide dans un château,
de temps en temps, je raconterais n’importe quoi pour voir.
Je
pense que les Romains de 20 ans avant
Jésus-Christ ne devaient pas se douter qu’ils vivaient en plein compte
à
rebours. D’ailleurs, peut-être qu’en ce moment on est en moins quelque
chose
avant je ne sais qui.
Je
pense qu’il y a certainement des maladies
mortelles tout à fait inconnues, parce qu’elles se déclarent après 150
années
d’incubation.
Je
pense que je rajoute toujours du poivre sur
les plats, sans même les goûter, Et que si c’est trop poivré après, je
fais
comme si de rien n’était.
Je
pense que je t’aime bien, coiffé comme ça.
Je
pense que quand j’ai un chat dans la gorge,
je bois du lait, et que je ne sais pas quoi faire quand j’ai des
fourmis dans
les jambes.
Je
pense
que ces gens qui décortiquent
leurs
crevettes
et les entassent
sur un coin d'assiette
pour se décider
à les manger
quand
tout le monde
a
fini les siennes
méritent
qu'on leur en vole.
Je
pense
que la barbe
blanchit
avant
les cheveux
parce
qu'on parle
plus qu'on ne pense.
Je
pense que les poules sont tellement connes qu’elles ne savent même pas
qu’elles
s’appellent des poules.
Je
pense que lorsque je commence à trouver tristes, voire poignantes, des
chansons
stupides, c’est que je ne vais pas très bien.
Je
pense qu’après un rock endiablé, je fais comme si de rien n’était,
alors que je
n’arrive pas à reprendre mon souffle et que j’ai soif comme un damné.
Je
pense que je ne saurais pas distinguer une jeune fourmi d’une vieille.
Je
pense que la vie sentimentale devait être bien plus simple pendant la
préhistoire, quand les tribus comptaient cent personnes à tout casser
et qu’on
mourrait à trente ans.
Je
pense qu’on a bien le droit de penser que Godot aurait mieux fait de se
presser.
Je
pense que dans les films d’horreur, les gens qui entendent un bruit
suspect
dehors sortent toujours de leur maison pour voir ce qui se passe, même
s’ils
savent qu’un dangereux maniaque s’est échappé de l’hôpital
psychiatrique.
Je
pense que je trouve toujours le réplique cinglante trop tard, le
lendemain de
la dispute.
Je
pense que si j’étais une mouche suspendue à l’envers, je ne verrais pas
le
monde de la même façon.
Je
pense qu’un certain mercredi du mois de mai 1979, je me suis réveillé
persuadé
d’être la veille, et que je n’ai jamais retrouvé le moindre souvenir de
ce que
j’ai fait ce mardi là.
Je
pense qu’il est certains journaux qu’on ne cite jamais sans omettre de
préciser
discrètement qu’on les a lus chez le coiffeur ou chez le médecin.
Je
pense que ce con de Dieu n’a pas remarqué qu’il a créé
un endroit dans le dos où il est impossible
de se gratter.
Je
pense que si les jouets des gosses pensaient, ils seraient morts de trouille.
Je
pense que vu ce que je fais de mes dimanches, l’immortalité doit être
ennuyeuse, à la longue.
Je
pense que lorsque l’on fait revenir des champignons dans une poêle, il
se
trouve toujours quelqu’un pour dire : « ça réduit
beaucoup.»
Je
pense que ça m’arrive trop souvent de composer un numéro de téléphone
et
d’oublier qui j’ai appelé à l’instant où le correspondant décroche.
Je
pense que beaucoup de garçons s’imaginent, à tort, que Morphée est une
fille,
parce qu’on dors dans ses bras.
Je
pense que souvent, au concert, personne n’applaudit à la fin du morceau
de peur
d’être le seul à applaudir avant la fin du morceau.
Je
pense que, quand je mets des boules Quiès, j’entends tout ce qui se
passe à
l’intérieur de moi, le sang, la respiration, les cartilages, et que
tout de
même, c’est un peu inquiétant.
Je
pense que l’otarie était l’animal préféré du président
Ceausescu : ça ne
mange pas de viande, ça supporte le froid, et ça applaudit tout le
temps.
Je
pense que le premier oiseau qui a quitté le sol pendant l’ère
secondaire a dû
vachement étonner ses copains.
Je pense qu’on ne peut jamais dire exactement ce qu’on pense, justement.
PARAPÈTERIES
FRANCOIS CARADEC
2-
Les
Italiens ne chantent pas dans les Pouilles.
3-
La
femme de l’archéologue aime les fouilles sérieuses.
4-
Le
pape rit des frasques de la petite Ginette.
5-
Il n’y
a pas que dans les postes qu’on voit de beaux bottins.
6-
L’évêque n’aime pas que la belle organiste prenne des airs de Purcell.
7-
Atterré par la tempête, le marin a baissé son foc.
8-
Le
pape remercia la duchesse de l’avoir fait mander.
9-
Pour
attirer les amateurs, le libraire leur montra son Pline.
10-
Sacrebleu,
s’écria le roi en soulevant le cornet de Sabine.
11-
Fermez la porte sur le gond, petite friponne.
12-
La
Chine se soulève à l’appel du japon.
Le cuisinier secoue les nouilles.
MICHELLE
GRANGAUD
A : Quoi !
B :
Quoi ! Vous !
C :
Non, non.
A :
Ah ! Ah !
B :
Mais quoi !
C :
Quoi, Madame
A :
Ah, Prince !
B :
Ah, Dieux !
C :
Hélas !
A :
Ah Narcisse !
B :
Ah ! Quoi, Seigneur !
C :
Quoi, Narcisse !
A :
Quoi ! Quoi donc !
B :
Quoi, Madame !
C :
Ah, Seigneur !
A :
Ah ! Seigneur !
B :
Moi ! Hélas !
C :
Ah ! Seigneur !
A :
Ah ! Cher Narcisse !
B :
Quoi ! Hélas ! Hélas !
C :
Quelle nuit !
A :
Quoi !
B :
Ah ! Seigneur !
C :
Quoi ! Quoi !
A :
Ah !
B :
Hé bien !
C :
Quoi ! Ô Dieux !
A :
Mais quoi ?
B :
Hé bien !
C :
Que di-je ?
A :
Ah ! Madame !
B :
Ah !
C :
Quoi !
A :
Quoi !
B :
Que dis-je ?
C :
Ah !
A :
Hélas !
B :
Hé bien !
C :
Mais que vois-je !
A :
Ah, Dieux !
B :
Hé bien !
C :
Ah ! Quoi !
A :
Mais hélas !
B :
Hélas !
C :
Ah ! Hélas !
A : Ah ! N’en
voilà que trop !
B :
Hélas !
C :
Hé bien, gardes !
A :
Hélas !
B :
Ah !
C :
Ô Ciel !
A :
Quoi, Seigneur, sans l’ouïr ?
B :
Ah !
C :
Ô Ciel !
A :
Hé bien donc !
B :
Quoi Seigneur !
C :
Ô Ciel !
A :
Ah !
B :
Ô Dieux !
C :
Ah !
A :
Quoi !
B :
Quoi !
C :
Quoi !
A :
Ah ! Madame !
B :
Mais quoi !
C :
Hélas !
A :
Quoi ?
B :
Ah ! Hélas !
C : Ah ! Prince !
A : Ah ! Ma
chère Princesse !
B :
Quoi, Madame !
C :
Hélas !
A :
Ah ! Ô Ciel ! Ah ! Mon Prince !
B :
Quoi !
C :
Dieux !
A :
Moi ! Madame !
B :
Hé ! Seigneur !
C :
Ah, Ciel !
A : Ah, Madame !
Hélas !
B : Ah, Madame !
C :
Ah Seigneur !
A :
Quoi !
B : Plût aux Dieux !
LES
HORREURS DE LA GUERRE
GEORGES PEREC
En
trois
actes et trois tableaux
Le
Capitaine Vainqueur / L’Abbesse
(d’origine auvergnate) / Joseph
K / Le
Conducteur de la Berline / Le
serveur du Mess (affligé d’un défaut de
prononciation et par surcroît d’incorporation récente) / Soldats
Nonnes, Otages et Chevaux.
ACTE
UN
La
scène se passe dans la
cour du couvent de H., en Transylvanie supérieure à la fin de la
première
Guerre Mondiale.
Le
Capitaine Vainqueur a été chargé par l’Etat-Major de la Première
Division
D’infanterie Légère de recruter des filles pour un Bordel Militaire
installé au
Pecq à l’usage des permissionnaires et convalescents de la région
parisienne.
Il
demande à la Supérieure du couvent de lui donner ses nonnes, le
menaçant, si
elle refuse, de faire fusiller quinze otages.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
(dans
un
dernier appel à la bonne volonté de l’Abesse)
Abbesse !
Aidez !
L’ABBESSE
(d’origine auvergnate)
(toujours
pas décidée à se séparer de ses filles)
Euh…
(elle
sort)
Le
Capitaine Vainqueur, furibard, donne l’ordre
aux soldats de fusiller les otages.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
Eh !
Feu !...
Les
soldats tirent. S’abattent les otages.
Cependant revient l’Abbesse qui paraît avoir changé d’avis.
L’ABBESSE
J’ai…
Mais
soudain elle aperçoit l’amas trucidé des otages et,
parmi, elle reconnaît le corps de son amant, Joseph K.
L’ABBESSE
(d’origine
auvergnate)
Ah !
Chi –gît K !
Elle
s’évanouit.
FIN
DU PREMIER ACTE
ACTE
DEUX
La
scène se passe dans la cour de la caserne. Le Capitaine Vainqueur a
fini par
obtenir six nonnes. Il les a mises dans une berline à destination du
Pecq. Il
donne ses dernières instructions au Conducteur de la Berline.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
…
Et les mène au Pecq !
LE
CONDUCTEUR DE LA
BERLINE
(faisant
claquer son fouet)
Hue !
Mais
une des Nonnes tente (maladroitement) de
s’échapper.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
(l’attrapant
au passage, dans un grand éclat de rire
sardonique)
Eh !
Restez !
Il
la refout dans la berline puis fait signe au
Conducteur qu’il peut derechef y aller.
LE
CONDUCTEUR DE LA
BERLINE
(faisant
claquer son fouet)
Hue !
La
berline s’en va au petit trot tandis que le
rideau tombe.
FIN
DU SECOND ACTE
ACTE
TROIS
La
scène se passe au
mess des Oficiers où
le Capitaine, sa mission accomplie, vient se désaltérer.
LE
SERVEUR DU MESS
affligé
d’un défaut de prononciation
(croyant
se faire bien voir en faisant une remarque anodine
sur la clémence du climat)
Vai
doux.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
(goguenard,
lui montrant que ça ne prend pas avec lui et
qu’il a tout de suite reconnu le conscrit de fraiche date)
Bleu ?
LE
SERVEUR DU MESS
affligé
d’un défaut de prononciation
(baissant
la tête et acquiesçant, un peu honteux)
Vai
Le
Capitaine Vainqueur
boit de la bière dans de grosses chopes en grès.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
Hic !
LE
SERVEUR DU MESS
affligé
d’un défaut de prononciation
(se
frottant les mains à l’idée du profit qu’il va tirer de
la bibition de son supérieur hiérarchique)
Six
grès que z’ai !
Mais,
tout rond qu’il soit, le Capitaine
Vainqueur sait très bien combien de grès il a bu, ou, en tout cas,
combien en
payer.
LE
CAPITAINE VAINQUEUR
Deux !
Puis
il roule sous la
table tandis que, piteux, le Serveur du Mess (affligé d’un défaut de
prononciation) retourne à ses verres. Le rideau tombe.
FIN DE L’ACTE TROIS ET DERNIER
JACQUES ROUBAUD
Le premier roi avait nom Aligoté.
Il était roi du Zambèze et des
environs.
Le deuxième roi avait nom Babylas.
Il était roi d’Ypermétrope et
des environs.
Le troisième roi avait nom Eleonor
(sans e) et le quatrième Imogène.
Eleonor (sans e)
et Imogène n’étaient pas rois de
rien du
tout. Ils avaient chacun un royaume très grand et très beau, mais le
conte ne
dit pas où présentement pour des raisons de sécurité.
Le conte dit ce qu’il faut quand
il faut et le conte dit maintenant qu’Aligoté
rendait parfois visite à Babylas en
son royaume, ou bien à Eleonor en
le
sien, ou encore à Imogène et le
conte dit que semblablement il arrivait que Babylas
rendît visite à Eleonor
en son royaume, ou bien à Imogène
en
le sien, ou encore à Aligoté et le
conte dit encore qu’Eleonor quelques
fois visitait Imogène en son
royaume, Aligoté en le sien, ou
encore Babylas, qu’Imogène
parfois s’en allait visiter Aligoté
en son royaume, Babylas en le sien,
et Eleonor encore. Du moins, c’est
ce que
dit le conte.
Et quand le roi Aligoté
se trouvait chez Babylas avec la princesse et son
chien
et que la princesse était descendue
jouer à la balle avec son chien
sur la pelouse au bas du perron, le
roi Babylas disait à Aligoté
« Mon
cher cousin, si nous passions dans
mon bureau ».
Mais
ici
le conte cesse de parler d’Aligoté
et de Babylas et retourne à Eleonor qui allait visiter Imogène
en son royaume.
Et le conte dit que quand le roi
Eleonor se trouve chez Imogène avec la
princesse et son chien
et que la princesse était descendue
jouer à la balle avec son chien
sur la pelouse au bas du perron, le
roi Imogène disait à Eleonor
« Mon
cher cousin, si nous passions dans
mon bureau ».
Et
quand Eleonor et Imogène
était tous deux dans le bureau et qu’ils avaient tourné la
clé, ils complotaient.
Il faut vous dire qu’en ce temps
là, la princesse avait bien du
souci. Car, chaque fois qu’un des rois, ses oncles (Aligoté
par exemple)
rendait visite à un autre de ses quatre oncles, un roi (Imogène
par exemple), en son royaume et qu’ils entraient après
l’avoir envoyée jouer à la balle avec son chien
sur la pelouse au bas du perron et qu’ils tournaient la clé, ils
complotaient…
Ils complotaient contre un des
quatre rois qui étaient ses quatre oncles ! Et qui plus est,
il n’était
pas rare qu’un des rois (Eleonor par exemple) se rende visite à lui-même
en son royaume, accompagné de la
princesse et du chien et,
après
avoir envoyé la princesse jouer à
la
balle s’enferme à clé dans son bureau avec lui-même pour comploter.
Cela
faisait beaucoup de complots et le chien en avait marre
de jouer à la balle.
Le
conte rappelle ici que le roi Utherpandragon
se trouva atteint du mal de la mort, il fit venir
auprès de lui la princesse et son chien et aussi ses quatre neveux Imogène, aligoté, Babylas, Eleonor (sanse) et leur dit :
« Mes
enfant mon enfant, mon chien, je
sais que je vais mourir. J’ai le mal de la mort et ça ne pardonne pas.
Quand je
serai mort, ajouta-il
en se tournant
vers les quatre rois ses neveux, je sais
bien ce qui va se passer. Imogène,
par exemple, va rendre visite à Babylas
en son royaume, avec la princesse et
son chien, et qu’est-ce qu’ils vont
faire, je vais vous le dire. Ils vont envoyer la
princesse jouer à la balle avec son chien
sur la pelouse au bas du perron, ils vont entrer dans le
bureau, tourner la clé et comploter. Contre qui ? je ne sais
pas, je m’en
fous et ça m’est égal. OK je ne peux pas vous en empêcher. J’ai le mal
de la
mort, je vais crever, Merlin me l’a
dit y’a rien à faire. Mais il est une règle sacrée qu’en des temps
immémoriaux
institua Saint Benoît et que vous
aller me jurer de respecter pour comploter. OK ? »
Et
Utherpandragon continua d’une voix
forte :
« Règle de Saint
Benoît :
Soient
trois rois parmi vous quatre : le premier ro, le deuxième roi,
et le
troisième roi.
Le
premier roi est n’importe quel roi.
Le
deuxième roi est n’importe quel roi,
Le
troisième est n’importe quel roi.
Le
deuxième roi peut-il être le même que le
premier ? »
Of
Course »
dit Uther
Alors :
Le
roi contre lequel complote le premier roi quand il rend visite
au roi contre lequel complote le deuxième roi quand il rend visite au
troisième
doit être le même roi précisément contre lequel complote le roi contre
lequel
complote le premier roi quand il rend visite au deuxième, quand il rend
visite
au troisième.
OK
dit Uther,
ce n’est pas tout.
Quand
un roi rendra visite à un autre, ils comploteront toujours
contre le même roi. Et si deux rois distincts rendent visite à un même
troisième, le premier ne complotera jamais contre le même roi que le
deuxième.
Contre tout roi enfin, il sera comploté au moins une fois l’an dans le
bureau
de chacun des rois.
J’ai
dit (dit
Uther) OK ?
OK dit Uther et il
mourut.
Le
conte dit
maintenant que la princesse et son chien auraient bien voulu savoir
contre qui complotait l’oncle Imogène quand
il rendait visite à l’oncle Babylas et qu’ils s’enfermaient à clé
dans le bureau. Et, d’une manière plus générale, la
princesse aurait bien voulu savoir par exemple si, étant
donné
deux quelconques de ses oncles, celui de ses oncles contre lequel
complotait le
premier quand il rendait visite au deuxième était, ou non, le même que
celui
contre lequel complotait le deuxième quand il rendait visite au premier.
« Oui »
dit le chien.
Il
avait ramassé la
balle sur la pelouse au bas du perron et la tenait, baveuse, au travers de sa gueule
« ne
parle pas la bouche pleine »
dit la princesse « et
pourquoi oui s’il te
plaît ? »
« Arc
eue, un roue a uatre éléents est orcéent coutati »
dit le chien.
Il
excellait
généralement dans la traduction chien-français quand il avait une balle
au
travers de ses canines.
« Ah »
dit la princesse.
Il
était temps
d’aller goûter, ils remontèrent dans la cuisine où les attendaient la
reine Ingrid.
Or,
dit le conte, les
rois Aligoté, Imogène,
Babylas et
Eleonor étaient cousins germains et
ils avaient quatre cousines germaines pour femmes. C’étaient les reine Adirondac, Botswanna,
Eleonore (avec un
e) et
Ingrid.
La reine Adirondac était née de Zibiline y Zanivcovette.
La reine
Botswanna était née d’Yolande y
Ygrométria. Les reines Eleonre
(avec
un e) et Ingrid
étaient nées également mais le conte ne dit pas où, pour des
raisons de sécurité.
Le
conte va droit au
but et dit que quand Aligoté par exemple rendait visite à Imogène à seule fin de comploter avec
lui selon la règle de Saint
Benoît, la reine Adirondac
rendait visite à la reine Ingrid en
sa cuisine. Et pendant que
les rois complotaient, les reines faisaient de la compote. Tant et si
bien
qu’en s’es allant le roi Aligoté
pouvait déposer un colis contenant le reste de compote qui n’avait pas
été
mangée au goûter destiné à la reine qui était l’épouse de roi contre
lequel il
avait l’après-midi même dans le bureau d’Imogène
comploté.
Et
c’est ainsi que ça
se passait.
A
suivre.
Couché !
L’ARBRE
À THÉÂTRE
PAUL FOURNEL
La
princesse sa fille a perdu le sourire (cf. scène 2)
La
princesse a été enlevée (cf. scène 3)
Dans
la
forêt la princesse ligotée tombe amoureuse de son ravisseur et lui
demande de
la ramener au palais pour lui prouver son amour. Au château, le roi et
la reine
se disputent. La reine a un amant dont elle est enceinte (
le roi : quoi, vous avez un amant et vous êtes
enceinte !),
le roi a un fils qui a
disparu (
la reine : quoi
vous avez un fils disparu !).
Au milieu
de cette dispute l’homme masqué et la princesse arrivent. Qui est
l’homme
masqué :
est-il
le
fils du roi ? (cf. scène 5)
le
roi
est-il son père ? (cf. scène 4)
La
princesse va-t-elle se réveiller ? (cf. scène 8)
Restera-t-elle
évanouie ? (cf. scène 9)
(à
répéter
jusqu’à ce que le choix soit : la princesse se réveille)
Happy
end ? (cf. scène 12 + 14)
Fin
heureuse? (cf. scène 12 + 14)
(si
le choix est happy
end, dire les n° de scène en anglais. )
Enchaînement
avec scène 14
FIN